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mars 2020

Auxiliaires… de vie

By Aide à la personne

Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef

Dans son livre publié en 2018, Bullshit Jobs (1), l’anthropologue David Graeber dénonçait ces « emplois à la con » inutiles, où le salarié éprouve un sentiment de vacuité totale. Et il conseillait, pour connaître la valeur d’un travail, d’imaginer les conséquences sociétales de sa disparition. Eh bien, nous y sommes ! Il y a aujourd’hui des Français qui ne sont pas partis à la campagne, qui ne peuvent pas se réfugier derrière leur ordinateur en télétravail. Les médecins, les infirmières évidemment. Mais aussi tous ces emplois du « care », ces services aux personnes, et notamment aux plus âgées, qui se sont multipliés ces dernières années.

Les « auxiliaires de vie » – un si joli nom ! – font aujourd’hui partie des personnes les plus exposées au risque de l’épidémie, puisqu’en contact avec les seniors. Elles continuent pourtant à œuvrer dans l’anonymat le plus total. « Elles », car ce sont des femmes, généralement. Et pour la majorité issues de la « diversité », comme on dit pudiquement. Des emplois précaires, souvent mal payés, aux conditions de travail dures car souffrant de sous-effectifs chroniques, et relativement déconsidérés. Ce sont elles qui, au quotidien, s’occupent de la toilette, des repas, et qui aident, par tous ces gestes si essentiels, nos aînés dépendants à vivre.

Si ces femmes prennent aujourd’hui tous les risques, elles continuent à le faire pour un salaire modeste. Et je n’ai pas entendu de groupe de maisons de retraite évoquer une prime. Elles ont souvent des trajets longs, et rarement leur propre voiture. De ce fait, elles prennent de plein fouet les ralentissements des transports en commun. Elles laissent le matin leurs enfants avec la boule au ventre devant la crainte d’attraper le virus et de le transmettre ensuite à leurs proches. Leur travail s’est singulièrement compliqué : elles doivent faire face, à domicile comme en établissement, à des personnes âgées angoissées, un peu perdues, et qui ne comprennent pas forcément pourquoi elles n’ont plus de visite, pourquoi elles doivent désormais manger seules dans leur chambre, pourquoi certains jours, on n’a même pas pensé à les sortir du lit.

La semaine dernière, dans un courrier adressé au ministre des solidarités et de la santé Olivier Véran, les professionnels du secteur ont demandé de manière urgente plus de moyens dans les Ehpad : manque de personnel, établissements submergés par les cas de contagion et les malades. Parfois, déjà, ce sont des voisins attentifs qui viennent porter les repas, car il n’y a plus de service. Un cri d’alarme qui a remis en lumière la situation extrêmement précaire de notre système de dépendance, que, malgré les rapports parlementaires, les enquêtes des médias, nous n’avons pas su ou pas voulu prendre en compte.

Nous devons espérer que ces femmes, malgré tout, continuent à parcourir leurs kilomètres dans nos villes désertes pour venir s’occuper de nos anciens. Qu’elles poursuivent encore les visites à domicile prévues chez ceux qui n’ont plus de famille. Qu’elles passent dans les chambres des Ehpad, remettent l’oreiller droit, caressent la main, y ajoutent un sourire, parlent pour redonner confiance… « Tout cela, c’est notre lot quotidien, m’a écrit cette semaine Marie-Claude, technicienne en intervention sociale et familiale, parce qu’on aime que, après notre passage, les gens aillent bien si possible. Ou mieux, en tous les cas. »

Je ne sais pas si, une fois sortis de la crise, nous saurons réévaluer ces tâches à leur vrai prix, et tirer les conséquences du vieillissement de la population. En attendant, je vous propose, ce soir, lorsque vous applaudirez médecins et infirmières, d’avoir aussi une pensée pour ces « auxiliaires » qui continuent à porter un peu de vie auprès de ceux que nous avons dû abandonner.

Vous avez des besoins ? Nous avons les solutions ! Contactez Ozange.net.

By Ozange

Qu’il s’agisse d’un besoin d’entretien du domicile, de repassage, d’aide à la personne, d’entretien des locaux ou d’une recherche de solution d’accès à l’emploi, nous sommes l’interlocuteur qu’il vous faut. Nous avons l’art d’allier les besoins de nos clients et de nos salarié(e)s, et ce depuis 35 ans. Ces rencontres professionnelles nous font avancer, évoluer pour répondre toujours mieux aux nécessités de la vie quotidienne de toutes et tous.
C’est ce que résume l’article paru dans le Style and Co, édition de mars n°111, que nous vous faisons découvrir dans son intégralité !

Nous remercions l’équipe de STYLE & CO Amiens qui a su, comme toujours, retranscrire le plus justement possible l’esprit qui caractérise l’ OZANGE attitude !

Style and Co, édition de mars 2020 n°111